Descente - Iain Banks in Bifrost 114

Dans le Bifrost 114 , on trouve un édito dans lequel Olivier Girard – aka THE BOSS – rappelle que, en SF comme ailleurs, un part et un autre arrive. Nécrologies et anniversaires mêlés. Il y rappelle fort justement et pour notre plus grand plaisir que, vainquant le criminel effet de génération, Michael Moorcock et Big Bob Silverberg – les Iguanes de l’Imaginaire – tiennent toujours la rampe. Long live Mike and Bob !! Suivent les rubriques habituelles organisées en actualité et dossier : nouvelles, cahier critique, interview, biographie, analyses, bibliographie exhaustive, philofiction en lieu et place de scientifiction (Roland Lehoucq cédant sa place à Alice Carabédian) . C'est de Iain Banks qu'il est question dans le dossier de ce numéro, on y apprendra que la Culture n’est pas seulement « ce qui reste quand on a tout oublié ». Dans le Bifrost 114 on pourra lire une jolie nouvelle de Iain Banks, intitulée Descente et située dans l’univers de la Culture (il y a des Orbitales)

N'être jamais seul


"Les 1001 vies de Billy Milligan" est un récit rédigé par Daniel Keyes, l'homme qui avait écrit l'excellentissime "Des fleurs pour Algernon".
Premier homme acquitté aux USA dans plusieurs affaire de viol pour cause de dissociation de la personnalité, le cas de Billy Milligan est fascinant.
Enfant martyre, il a développé, pour se protéger, 24 personnalités distinctes qui prennent à tour de rôle le contrôle de son corps (ce qu'il appelle : être sous le projecteur). A chaque épreuve forte de sa vie est apparue une personnalité nouvelle dont la fonction était de prendre en charge le type de situation auquel Billy était confronté. Ce que nous faisons tous en étant tour à tour courageux, tendre, prudent, violent, lui le fait en donnant le contrôle à la personnalité appropriée pendant le temps nécessaire. Mais là où l'histoire de Billy devient presque fantastique c'est dans le fait que les différents égo (qu'ils appellent ses "habitants") ont partiellement conscience les uns des autres. Ils peuvent parfois communiquer, débattre, exprimer des désaccords. Certains dominent, d'autres sont dominés, jusqu'à être déclarés "indésirables" et donc interdits de prise de conscience. Enfin il peut arriver qu'un égo prenne contre le gré des autres le contrôle du corps pour poursuivre ses propres fins. Cela atteint un tel point que les deux égos dominants (un intellectuel et un violent) neutralisent ("en le faisant dormir") pour plusieurs années l'égo original de Billy car ils craignent son caractère suicidaire.
Le livre de Daniel Keyes décrit d'abord les affaires de viol, l’enquête, les expertises et observations qui conduisent à l'acquittement de Billy ; puis la vie de Billy (ou plutôt de ses égos) est racontée à partir de son enfance ; enfin l'auteur assiste aux tentatives de Billy pour guérir, c'est à dire fusionner ses différentes personnalités.
Au fil des pages se développe une forte empathie pour le personnage torturé et tragique de Billy Milligan, et on en vient à prendre fait et cause pour lui contre ceux qui dans le système judiciaire s'opposent à ses tentatives de réinsertion en arguant de sa dangerosité. On en vient presque à oublier ses victimes, tant il est victime lui-même. C'est en cela que le livre est réussi, il ne laisse pas indifférent, il passionne.
Les 1001 vies de Billy Milligan, Daniel Keyes

Commentaires

APL a dit…
Cela semble passionnant, en effet, et légèrement inquiétant tout de même.

Billy Milligan a un équivalent littéraire et (et contrôlé?): Fernando Pessoa. Le poète portugais fut saisi un jour par l'écriture d'un "autre" que lui, Alvaro dos Santos, puis par d'autres "hétéronymes" qui écrivent à travers lui. Il ne s'agit pas de simples noms de plume: chaque hétéronyme a son style, ses thèmes, sa vision du monde (pessimisme, idéalisme, matérialisme...), vérifiable dans les poèmes.

Etonnant, non?

Par ailleurs, je +1000 sur "Des fleurs pour Algernon", récit bouleversant s'il en est.