La Cité des marches - Robert Jackson Bennett

Bulikov, la capitale du Continent. Autrefois une ville grande et puissante, le centre du monde. Aujourd’hui une ville conquise, en partie détruite. Rome après Alaric. Kind of. Dans le monde de La Cité des marches , dernier roman traduit en français de Robert Jackson Bennett et premier volume de le trilogie des Cités divines , il y a le Continent et le reste – ce centre-périphérie théorisé au XIV siècle par le grand historien arabe Ibn Khaldoun . Et, comme dans l’analyse de ce dernier, la périphérie a fini par conquérir le centre, en l’occurrence le Continent ; rien d’étonnant, ce n’est qu’à la périphérie que résident la force et la détermination nécessaires à la guerre. Concrètement, c’est une révolte conduite avec succès il y a plusieurs décennies par le Kaj qui a abattu l’empire continental et ses dieux. La chute des uns entrainant celle de l'autre. Car tu dois le savoir, lecteur, le pouvoir sans égal du Continent était le fruit des « miracles » de ses six dieux, incarnés dans le

R. I. P. Kitty Genovese


Voici un livre que j'aurais aimé adorer et recommander sans réserve.
Le meurtre, devant 38 témoins passifs, de Kitty Genovese le 13 mars 1964 à New-York causa un choc énorme dans l'opinion américaine. Devenant à son corps défendant (et rarement expression aura été aussi appropriée) une icône de la pop culture US, Kitty Genovese entrait dans l'Histoire.
Son martyre donna lieu a des études en psychologie sociale et à la mise en évidence du principe de dilution des responsabilités et du bystander effect. Il entraina la création du fameux 911. Il inspira de nombreux écrivains et musiciens. Il fut à l'origine de la vocation de Rorschach, le justicier impitoyable des Watchmen.
Didier Decoin évoque aujourd'hui sa mémoire, 45 ans après sa mort tragique. Et son roman ne me convainc pas entièrement car il n'apporte guère plus que ce qu'aurait apporté un essai plus court ou un long article. Il y manque un peu de la théorie élaborée depuis, et l'intervention d'un narrateur, voisin absent le soir du meurtre, n'apporte à mon sens pas grand chose au récit. Ce livre m'a ému par moments mais je n'y ai rien appris que je ne savais déjà. Dommage, j'espérais être éclairé par Didier Decoin.
Néanmoins, l'écriture de ce roman peut aussi se comprendre comme l'érection d'une stèle à la mémoire de la jeune femme. En ce cas il s'agit une oeuvre respectable ; et elle a atteint son bût, car sans ce livre jamais je n'aurais évoqué ici le destin malheureux de Kitty Genovese.
Est-ce ainsi que les femmes meurent ? Didier Decoin

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